Histoire d’eau, d’âme et de lumière

A Sylvain Stordeur

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Je ne t’ai pas connu, j’ai reçu de toi …l’âme de la peinture, ce qu’elle nous dit … sans le dire, ce qu’elle nous apporte, sans le donner.

Est-ce le bord de Sambre à Jeumont qui t’a donné ce beau regard ? Sombre à jamais, bleu pour toujours !

J’ai de toi un coffret en poirier, des tubes de couleur à l’huile, encore souples et fermés … Palette, pinceaux … et cette odeur d’huile de lin et de vernis. Ta statuette en plâtre, modèle d’un visage de jeune fille improbable et … ta gravité !

Pourquoi cette douzaine d’auto-portraits roulés ?

Pourquoi cette gerbe de fleurs présentée à Rome et revenue sans médaille ?

Pourquoi cette femme infidèle … et ta souffrance … et cette pendule qui s’arrêta un 27 septembre où dans la cinquantaine ton cœur avait déjà trop souffert …

*

Marsignies, dans un hameau de la France rurale où la guerre nous laisse beurre, lait, poules, légumes et fruits et le bon pain que cuit mon père.

Aujourd’hui, le matin, quand le café fume, je te regarde … tes yeux bleus, ton cœur tendre et tes cheveux bouclés … car un autre 27 septembre en 1942, je suis arrivé dans une ferme à quelques kilomètres de Jeumont, les yeux bleus et quelques boucles d’or.

Dans les plis de mon cerveau, tes visions inachevées, ton cœur à soulager et ce merveilleux amour du ciel et de l’eau et de l’entre Sambre et Meuse.